Projet en cours ( Elswyn et Robyn)

Ce mardi matin -là, Romilly était sortie tôt de chez elle, un sac avec ses partitions serré précieusement contre elle. Vêtue simplement mais élégamment, maquillée légèrement mais gracieusement - image d'une chanteuse sûre d'elle et qui présentait bien: ni trop vylgaire ni trop simple) elle se rendait à l'Opéra pour y attendre deux personnes qui allaient jouer un rôle majeur dans la suite des évènements. Cette entrevue l'angoissait un peu car si l'une des deux personnes était l'instigatrice, avec elle, de leur projet, la deuxième personne n'en savait encore presque rien et sa réaction serait décisive. Marchant dans les rues de Paris, la mezzo soprano réfléchissait et imaginait déjà la scène qui allait suivre. Tout semblait si clair... mais si irréel et improbable à la fois. Depuis la décision qu'elles avaient prises, Romilly avait l'impression de vivre à la fois son plus beau rêve et son pire cauchemar. Et ce goût de fantasmagorie ne la quittait plus guère que lorsqu'elle dormait.
Les pensées se succèdaient sans repos dans sa tête, sous ses yeux brillants et ses joues roses. Robyn serait à l'heure, comme à son habitude. Elle utiliserait sa franchise et son charme pour expliquer leur idée. Elswyn serait celui qui déciderait. Et Romilly participait à tout cela le coeur en fête mais surtout en pleine angoisse. Toutes les questions qu'elle se posait n'avaient pas encore reçu de réponses et seules quelques minutes la séparaient désormais d'une décision irrévocable. Serait-elle capable d'aller jusqu'au bout? Elle en était intimement persuadée, tout comme Robyn. Mais en avaient-elles les moyens si l'altiste refusait et les dénonçaient? Elle avait beau le connaître un peu mieux désormais, et Robyn un peu aussi, rien n'étauit encore sûr et un tel projet pouvait lui paraitre insensé ou dangereux - dénonçable.
Romilly arriva enfin à l'Opéra. Elle se dirigea immédiatement vers le bar, laissant le bruit de ses pas annoncer son arrivée. Elle alla s'asseoir et se commanda un thé. Alors qu'elle attendait qu'on le lui apporte, elle vit une des deux personnes qu'elle attendait arriver. Son coeur se mit à battre plus vite. Tout allait réellement commencer désormais. Ils montaient tous en scène, pour une symphonie encore à écrire.
Elle se leva pour l'accueillir.

[HJ : après tant de temps, voilà enfin ma réponse. Toutes mes excuses, mais jusqu'à fin août, ça risque d'être un peu chaud pour moi ]


Elswyn n'était pas vraiment du matin. Non, vraiment pas du matin. Heureusement, qu'à l'Opéra on ne lui imposait pas de commencer comme les petits rats dès l'aurore, il n'aurait pas suivi le rythme. Surtout quand le spectacle de la veille, ou l'avant-veille, se terminait à pas d'heure. C'est qu'il avait besoin de longs sommeils lui ! Huit heures de sommeil était vraiment un minimum requis. Sinon bonjour la mauvaise humeur. Et que les médisants qui proclamaient qu'il était toujours de mauvaise humeur aillent voir ailleurs s'il y était ! Non mais ! Mais qu'importe. Cette nuit avait pu être longue, dans le bon sens du terme, et Elswyn se sentait... non pas léger. Disons... reposé.

Mais léger non. Il ne parvenait toujours pas à l'être. Pas totalement. Pas depuis que le Comte l'avait quitté. Et même la discussion qu'il avait eu il y a peu avec sa soeur de coeur, Elisabeth, n'était pas parvenu tout à fait à le réconforter. Un peu... Mais pas totalement. Il lui manquait toujours ce je ne sais quoi pour qu'il se sente revivre, pour qu'il se sente renaître. Quel je ne sais quoi ? Il n'en avait aucune idée. Peut-être... Peut-être quelque chose sortant de l'ordinaire, et le sortant alors de la monotonie de sa musique. Oui, monotonie. Il toruvait que sa musique devenait monotone, morne, non sans harmonie, mais sans vie. Et pour qu'elle retrouve cette vie, il lui fallait comme.... un électrochoc peut-être. Oui, voilà, un électrochoc. Restait maintenant à savoir lequel et comment le trouver.

Il en était là de ses pensées, quand il arriva enfin à l'Opéra, quelque peu tardivement. Comme à son habitude en somme. Mais du moment qu'il arrivait à l'heure aux répétitions et aux spectacles, qu'importait le reste. Personne ne lui avait fait de reproches jusque là et c'était tant mieux. Elswyn n'était donc pas prêt de changer ses si bonnes habitudes de marmotte. Tant qu'on ne lui disait rien, pourquoi les changerait-il donc ?

Les sens encore quelque peu endormis et le regard embrumé des dernières notes nocturnes, Elswyn arriva ainsi à hauteur du petit bar, où il avait pris l'habitude de trainasser encore le matin, avant d'aller aux répétitions ou à son entrainement personnel, pour boire un petit café. Histoire d'éveiller définitivement ses sens. Et pour tout dire, il était bien trop peu doué en café pour parvenir à s'en faire un de façon convenable. Et buvable. S'il ne voulait pas s'intoxiquer, mieux valait qu'il aille le chercher ailleurs. Comme ici...

Sans même prêter attention à ceux qui pouvaient bien l'attirer, il s'assit donc au petit bar, le garçon lui servant d'office un café sans qu'une parole n'ait eu besoin d'avoir été prononcé. Il venait si souvent ici, quasiment chaque matin que Dieu faisait, qu'il était connu. Et ses goûts et habitudes aussi. Elswyn huma les douces saveurs qui enivraient déjà ses sens, laissant son esprit sortir peu à peu de sa torpeur, tandis que ses papilles se délectaient des arômes caféinés qui revigoraient son âme et son corps. "Par tous les altos, que celui qui avait inventé le café soit béni !" Pensa-t-il en lui-même tandis qu'il continuait de savourer doucement son doux et amer nectar.

Il en était presque à la fin, quand il prit, enfin, conscience de regards qui semblaient comme le transpercer. Pour tout dire, il avait bien senti qu'il avait été observé depuis quelques instants, mais il n'avait guère prêté attention à ce regard planté sur lui. trop obnubilé par son café sans doute. Mais maintenant que son esprit daignait pleinement reprendre possession de ses moyens... Elswyn leva donc la tête et scruta les alentours, à la recherche de cet inquisiteur qui semblait tant le darder au point de le troubler en plein moment de communion caféimane. Et son regard nuit tomba sur deux jeunes femmes non loin de lui. Juste à sa gauche pour tout dire. Deux jeunes femmes qu'il connaissait quelque peu... un peu plus en tout cas que la plupart des choristes, danseurs ou chanteurs.

- Jeunes demoiselles, fit-il en guise de salutation, d'un ton se voulant badin, mais sonnant un peu trop rauque pour faire vraiment naturel.

Et comme pour souligner que sa salutation n'était pas que cela, mais aussi une question, il haussa un sourcil, sceptique, et clairement interpellé par cette attention dont il était l'objet.

[HJ: tu étais au courant du rdv, et tu étais invité, Elswyn!! ^^ ]

Romilly s'était levée pour accueillir son amie. Une légère odeur d'encens, et d'église, flottait autour d'elle, et la jeune soliste se douta que ses doutes étaient partagés, et qu'une prière ou deux avaient aidé Robyn à trouver le courage de continuer. Elle n'en sourit pas, sachant elle aussi que pour pouvoir toucher le mystère et le mystérieux, un peu d'aide divine serait la bienvenue.
Mais pour le moment, point de religion dans l'esprit de Romilly, mais plutôt un peu d'inquiétude: si Robyn était arrivée à l'heure ( comme toujours, la ponctualité semblait une de ses vertus, ce que les Parisiens auraient souvent besoin d'imiter, selon la jeune fille! ), leur invité n'était pas encore en vue, et un doute commençait à dévorer ( une fois de plus ) l'esprit de la jeune fille. Mais elle ne dit rien et préféra saluer comme il se devait son élégante amie.

" Bonjour, Robyn ! Tu vas bien? "

Elle fit une petite bise à l'autre jeune femme et lui fit signe de s'asseoir à sa table, où du thé trônait déjà.
Elle sourit gentiment, mais on sentait un peu de crispation dans son expression, comme si un léger voile recouvrait ses traits:

" Je t'avouerais que je suis un peu inquiète... Crois-tu qu'il viendra? "

Elle leva les yeux du café qui avait capté son regard durant quelques secondes, lorsque son angoisse du futur l'avait empêchée de regarder son amie, de peur d'y trouver le même reflet.
Alors que son regard gagnait enfin celui de l'anglaise, un mouvement capta son attention. Elswyn arrivait enfin! Mais il n'avait pas l'air de vouloir les rejoindre, et il s'attabla au comptoir sans leur prêter attention. Il ne devait pas les avoir vues, mais ne semblait pas non plus les avoir cherchées. Une conclusion sauta à l'esprit de Romilly: il avait oublié. Comment pouvait-il avoir oublié CA? Puis elle se rappela qu'il n'était pas ( pas encore ) dans l'affaire et que leur projet ne pourrait jamais être oublié, surtout s'il marchait.
Elle le montra à Robyn:

" Il est là... Il a oublié notre invitation, j'en suis sûre ! Attendons un instant, qu'il nous remarque... "

Elle eut un sourire entre le désabusé et l'amusement. Puis elle le regarda un moment avec insistance... Et il se retourna.
Il les salua, étonné de leur attention, et cela sonnait comme une question. Romilly se leva, pour ne pas avoir à crier, et alla près de lui.

" Bonjour, Elswyn... Vous avez oublié notre petit rendez-vous? "

Elle eut un sourire entre le charmant et le charmeur cette fois, avec un sourcil levé montrant sa surprise. Elle eut un regard amusé vers Robyn, et proposa:

" Allons rejoindre Robyn, si vous le voulez bien? "

Elle désigna leur table d'un geste.

HJ : désolé de cet impair

Merci d'avoir rattrapé le coup ^^

Et qui répond du coup ? Moi ? Robyn ?

robyn, si on suit le cours du jeu ^^

HJ : comme vous le préférez