Il est certaines chansons à ne point chanter trop haut... A travers les murs de l'Opéra Garnier réside un air que tous murmurent et que nul ne chante : celui du Fantôme de l'Opéra... Qui sait de quelles sinistres partitions il sera l'auteur ?
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| Mais qu'ai-je fait au ciel pour mériter ça? [Elswyn] | |
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Elisabeth de Castaignac ~Mécène de l'Opéra~
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| Sujet: Mais qu'ai-je fait au ciel pour mériter ça? [Elswyn] Mer 18 Fév - 20:38 | |
| [RP Flashback, 19 Janvier 1868]
C'était une journée ordinaire, dans un coin ordinaire, et dans une vie plus ou moins ordinaire aussi. Elisabeth, dans sa jeunesse vicomtesse d'Aubespin de Lontages, était bien tranquillement assise dans sa chambre, sur un sofa, et lisait bien tranquillement un livre quelconque. La jeune demoiselle n'avait qu'une petite dizaine d'années, mais pourtant elle devait déjà se consacrer entièrement à son devoir d'héritière de la fortune familiale. Autrement dit, pour ce qui est des jeux et de tout le reste, autant ne pas trop se faire d'illusions: cette période là était pour ainsi dire révolue. Si maintenant elle jouait, elle devrait jouer à des jeux de société faisant appel à l'esprit plutôt qu'à la stupidité des enfants. Si elle devait lire, ce ne seraient plus des contes mais bien des romans, si elle devait jouer de la musique, ce serait des oeuvres de maîtres et des études, pas des comptines. En résumé, ce serait tellement différent de ce qu'elle avait l'habitude de faire... Et Elisabeth avait justement l'habitude de faire beaucoup de choses. Mais présentement... c'était plus vite la résignation qui l'emportait sur elle. Plus qu'elle ne l'emportait sur la résignation, en tout cas.
Il y a quatre jours à peine, tout avait décidé de basculer totalement. Son père lui avait bien gentiment expliqué qu'elle devait être digne des espoirs de sa famille, qu'elle devait cesser de se comporter comme une gamine, mais bien devenir l'adulte qu'elle serait plus tard. Qu'elle pouvait dire adieu à tout ce qui était trop puéril pour elle, quand bien même elle aurait quelques occasions de faire passer son énergie débordante. Elle aurait plus de loisirs d'adultes: elle pourrait monter à cheval, elle pourrait apprendre à danser et à pratiquer l'escrime, comme se le doit tout enfant de la noblesse (et plus particulièrement les hommes). Elle apprendrait la musique, la peinture et le chant. Enfin, juste la musique et le chant, car Elisabeth avait refusé avec la dernière énergie d'apprendre à barbouiller sur une toile. Elle suivrait des cours avec de bons précepteurs, différents des jeunes professeurs qu'elle avait eu jusqu'à présent. Et hors de question qu'elle fréquente quelque école publique! Le seul endroit où son père aurait toléré qu'elle aille, c'était le Theresianum, en Autriche, à Vienne, car c'était une école pour la noblesse. Mais Elisabeth ne voulait pas aller en Autriche, elle ne voulait pas quitter sa famille. En bref et en résumé, bonjour l'impasse.
Le lendemain de ces tristes événements qui avaient carrément marqué la fin de son enfance et son entrée dans le monde des adultes, Elisabeth voyait à nouveau son père entrer dans sa chambre avec tout le cérémonial en prime. Et zut. Ca, ça voulait dire tenez-vous à carreau, ma fille. Derrière lui, une espèce de petit singe... Bon, d'accord, admettons, un être humain. Un garçon, un peu plus jeune qu'elle. D'une apparence carrément repoussante: les cheveux gras et emmêlés, des loques en guise de vêtements, une frimousse sale... Seigneur Dieu, son père aurait-il décidé de transformer sa chambre en asile pour miséreux? Espérons que non, la petite vicomtesse en serait bien trop affectée! Mais si ce n'était pas un asile, admettez que c'était... carrément pire. Un nouveau domestique, qui désormait lui était rattaché, à elle, Elisabeth. Et sa servante? Et la gouvernante? Et la fille de sa gouvernante, Carlotta? Il les avait chassées comme des malpropres? Non, heureusement, les trois dames restaient. Mais le garçon s'y ajoutait. Un... garçon. Pas une fille. Même pas drôle.
Elisabeth eut une curieuse moue des plus significatrices à ce moment là, mais n'empêche, elle ne pouvait pas refuser ceci à son père, et encore moins s'opposer à la volonté paternelle. Et ce fut avec horreur qu'elle vit que l'on installait son domestique, car oui pour elle il était un domestique et pas un égal (elle n'avait pas à cultiver tous les idéaux de la Révolution de 1789 non plus, merci Seigneur!) dans une chambre quasiment attenante à la sienne. Et ce fut avec effroi qu'elle apprit qu'il aurait lui aussi des cours avec son précepteur. Et Elisabeth fut carrément atterée lorsque son père lui dit de considérer ce... cette chose comme un égal et pas comme un subalterne! Non mais, son père voulait vraiment sa mort? Non content de lui infliger une éducation de savant, il l'obligeait en plus à traiter un égal un bohémien violoneux? Non, décidément, il y avait un gros problème... Un problème à résoudre d'urgence!
Mais Elisabeth ne pensait présentement pas spécialement à résoudre le problème nommé Elswyn Zmeskall (un nom vraiment tordu et dépourvu de toute harmonie si vous vouliez son humble avis). Elle pensait plutôt à lire un livre d'Honoré de Balzac. Un des romanciers que son père lui avait carrément imposé quelques jours avant. La lecture de ce livre était fastidieuse, et Elisabeth s'en fatigait vite, n'accrochant pas vraiment à une histoire selon toute évidence trop complexe pour elle, toute noble qu'elle fût. Et lorsqu'elle avait réellement assez du livre en question, elle le laissait lâchement de côté, se dirigeait vers le pianoforte ou encore vers quelque instrument de musique, et tentait de se détendre en étudiant. Etudier, encore et encore... En voilà de superbes journées! Très enrichissantes, très intéressantes, et surtout très très asssomantes... Trop assomantes pour une jeune fille fougueuse comme elle. Mais son père avait bien stipulé qu'elle aurait désormais à retenir sa fougue, non?
Lassée, Elisabeth posé le livre de côté et le regarda d'un air quasiment dégoûté. Avaler Balzac de force n'était pas vraiment la chose la plus extraordinaire au monde... Et alors qu'elle tentait de prendre une pause en réfléchissant à quelque sujet mondain, l'on frappa à la porte. Elisabeth répondit d'une voix malcommode, mais surtout glacée.
Entrez. | |
| | | Elswyn Zmeskall ~Altiste~
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| Sujet: Re: Mais qu'ai-je fait au ciel pour mériter ça? [Elswyn] Dim 1 Mar - 16:43 | |
| Trois jours. cela faisait trois jours tout juste qu'il venait d'arriver dans cette haute et noble maison. Dire qu'il en avait été plus qu'intimidé serait un doux euphémisme et même un traître mensonge. Il avait été tétanisé même. Lui, vulgaire bohémien, avoir l'insigne honneur de faire ne serait-ce qu'un pas dans cette antre tout de majesté empreinte? Ce ne pouvait être qu'un miracle... un rêve éveillé.
Non, pas vraiment un rêve, vu qu'il n'avait jamais osé émettre un rêve si impressionnant. Oui, impressionnant. Tout était si immense... Normal, me direz-vous, du des yeux d'un enfant d'à peine huit ans. Oui, possible, mais cela n'enlèverait en rien la majesté et la somptuosité des lieux, pour lui, petit homme du peuple, si peu habitué à tant de faste. Ô pas vraiment un faste à outrance non plus. Tout n'était pas dorure et verrerie écoeurante. Bien au contraire... Mais... Ce bois finement sculpté, avec ces fines arabesques qui dansaient au gré des rainures du noble matériau, ce marbre aux vagues légèrement argentées qui pimentaient son blanc nacré, ces magnifiques tableaux, tantôt portrait d'une famille aux nombreux ancêtres, tous plus nobles les uns que les autres, tantôt magnifiques paysages dans lesquels on rêvait de se perdre...
Tout ceci était si enchanteur. Un rêve éveillé, vous dis-je. Et que dire des occupants, tous si bien habillés, lui-même bénéficiant si généreusement de la livrée des serviteurs de la maison, faite d'un tissu si noble, si doux, si beaux et si agréables que ce soit au toucher ou au porter... Diantre! Quel étrange tour lui jouait là le destin soudain.
Il s'était vu alors être confié aux divers serviteurs : tous lui expliquaient les us et coutumes de la maisonnée, us et coutumes qui lui passaient quelque peu par dessus la tête, pour être honnête, mais qu'il tentait tout de même de retenir. Il avait eu droit à une visite quasi complète de l'immense demeure, mais pour tout dire, il était déjà sûr de s'y perdre un jour... Et il avait même eu l'honneur d'être reçu, dès le premier jour, par le maître de maison.
Quelle ne fut sa surprise quand ce dernier lui annonça, que, oui, il serait assigné à un service dans sa maison, plus précisément au service de la jeune demoiselle, fille dudit noble monsieur, mais pas seulement... Il aurait l'opportunité de continuer son apprentissage en musique, plus poussé et plus adéquate que ce qu'il avait pu connaître jusqu'alors. Comble du bonheur, il recevrait aussi une éducation, telle l'éducation qu'un gentilhomme digne de ce nom doit recevoir : lire et écrire, compter et raisonner seraient un strict minimum, les fines arabesques qui dansaient sur les vieux parchemins ou sur les murs de la ville ne seraient plus un mystère pour lui alors... Mais plus encore, histoire, sciences, et arts et coutumes de leur société, seraient au programme, ainsi que savoir-vivre et bonnes manières, ce qui l'enchantait peut-être moins, mais il n'allait pas s'en plaindre. Et, ô suprême bonheur, il aurait droit aussi à une chambre rien qu'à lui. Lui qui n'avait quasiment jamais connu ne serait-ce qu'un lit personnel...
Il n'aurait jamais pu espérer obtenir autant. Jamais. Lui bohémien...
Son rêve fut toutefois bien entaché quand le troisième jour, il fut emmené par le monsieur, Comte disait-on, à sa fille. Fille au service de laquelle il allait donc rentrer. Dès le premier regard il comprit qu'il ne serait pas le bienvenu. Et il ne s'était pas trompé, comme le lui confirma la suite. Regard hautain, ordres secs et claquants tel un fouet, furent tout ce dont il eut droit. Il eut grande peine à se retenir de répliquer un commentaire acerbe. Et seule la peur de perdre tout ce que la générosité du maître des lieux lui offrait retenait encore sa langue. Bien qu'il sache déjà qu'elle ne ppourrait se tenir tranquille bien longtemps encore...
C'est ainsi, que, trois jours à peine après son arrivée, il prit son service du jour. Qui consistait à apporter le courrier de la demoiselle, accompagnée d'une petite collation. Fastidieux, déshonorant, aurait-il eu tendance à cracher. Mais qu'y pouvait-il? Ce n'était après tout, qu'un mauvais moment à passer. Et en pensant aux cours qui l'attendaient d'ici peu, il devrait bien pouvoir supporter le caractère exécrable et acariâtre de la jeune fille. Ou pas, rectifia-t-il aussitôt mentalement, alors qu'il entendait la voix sèche et glaciale de celle-ci lui permettre d'entrer.
Ce qu'il fit, d'un pas ferme et déterminé, le regard aussi hautain et dédaigneux que sa petite taille et son visage plus que juvénile le lui permettait. Il ne serait pas dit qu'une petite lavandière, comme il la surnommait pour lui-même, pourrait rabaisser encore bien longtemps un Zmeskall! Foi de bohémien!
- Je viens vous apporter des lettres, fit-il.
Se rabrouant mentalement pour sa formulation si maladroite, l'oubli des formules de politesse et d'usages qu'on lui avait pourtant maintes fois répétées, oubli qu'elle n'allait pas manquer de trouver désobligé et éhonté, et pour ce maudit accent étranger qu'il peinait encore à masquer. Hum... Qu'il n'arrivait toujours pas à masquer, devait-il rectifier pour être honnête.
Bref, autant se préparer à la bourrasques de sarcasmes qui n'allaient pas manquer de s'abattre sur lui.
Dernière édition par Elswyn Zmeskall le Dim 23 Aoû - 11:49, édité 1 fois | |
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| Sujet: Re: Mais qu'ai-je fait au ciel pour mériter ça? [Elswyn] Dim 1 Mar - 19:10 | |
| La porte s'ouvrit sur le fameux jeune bohémien que son père lui avait assigné comme domestique. Magnifique. Si Elisabeth l'avait pu, elle aurait pris une épée pour se trancher la gorge... Ou mieux, pour lui trancher la gorge à lui, celui qui prenait là ses aises, comme si tout lui était dû. Elle lui en voulait plus que sérieusement d'être aussi peu pudique, de faire montre sans vergogne de ses origines rustres pour faire son intéressant? Elle le détestait, voilà tout. Elle trouvait ses manières de se comporter tellement indignes d'un quelconque serviteur, aussi privilégié soit-il, qu'elle avait eu à maintes reprises envie de le corriger, de lui faire admettre que non, il n'avait pas le droit à prétendre être son égal. Le titre de domestique n'était-il donc pas significatif? Et quand bien même était-il à un niveau plus haut que celui du commun des serviteurs, cela ne lui donnait pas l'autorisation de faire tout ce qu'il voulait. Or, c'était visiblement ce que pensait le garnement qui lui servait de domestique.
Longtemps, elle avait hésité. Que ferait-elle de lui? Les trois dames attachées à son service suffisaient bien en elles-mêmes aux tâches ménagères ordinaires! Elle ne voyait pas en quoi y adjoindre l'aide d'un gamin quelconque aiderait ces dames. Au contraire, au vu du comportement indigne du garçon, il ne ferait que semer la pagaille dans toutes ses précieuses affaires, pour ne pas oser affirmer qu'il ferait pire! Dans le sens, lui jouer de mauvais tours, ou pire encore, lui chaparder ses affaires! Non, Elisabeth n'était pas paranoïaque, elle ne craignait pas non plus de perdre ses affaires. C'était l'acte en lui même qui lui répugnait, et elle l'affirmait à haute et forte voix. Mais bon, passons. Elle avait par la suite songé à l'envoyer aux écuries, mais la simple peur qu'il ne fasse quelque mal aux chevaux l'avait contrainte à y renoncer. La mort dans l'âme et l'âme en peine, la comtesse s'était résigné à garder le singe dans la maisonnée, et à le mettre à son service. Le plus loin d'elle possible, cependant. Il était donc chargé de lui apporter de temps à autres un petit quelque chose à grignoter, ainsi que son courrier, ou d'autres choses si jamais lui venait le loisir de le lui demander. Et c'était très bien ainsi.
Rectification, ça aurait pu être très bien ainsi, si le damné enfant avait décidé de montrer un peu de bonne volonté. Mais visiblement, cela était lui en demander bien trop! Que du contraire, il trouvait toujours plaisir à faire le singe, à se montrer arrogant et prétentieux, là où il aurait plus vite dû être humble et sage. Mais l'humilité ne semblait pas faire partie de ses traits de caractère principaux. Pourtant, Elisabeth s'était promise de faire un effort, au début... Effort que le jeune garçon ruinait de plus en plus de par son comportement plus que déplacé. A peine s'il n'osait pas l'insulter ouvertement! Qu'à cela ne tienne, Elisabeth était déjà persuadée que l'abominable créature la traitait de tous les noms dans le fond de sa pensée. Et cela ne la rendait que plus rageuse encore: elle avait horreur de ce genre d'attitudes si peu respectueuses! Elle ne tiendrait plus très longtemps, elle le savait: certes, cela faisait encore bien peu de temps qu'il était arrivé au Château, il n'avait donc peut-être pas eu le temps encore de s'habituer au cérémonial qui y régnait... Elle lui avait trouvé cette excuse là pour les deux jours précédents. En deux jours, songeait la comtesse, on avait le temps d'apprendre pas mal de choses. Entre autres, les formules de politesse. Ou la révérence. le cérémonial de base, en somme!
Mais voici donc un peu de trop pour le seuil de tolérance de la comtesse, déjà si récemment mis à mal par tout ce qu'elle avait eu à connaître! L'arrivée de ce maudit garçon, entre autres... Mais aussi l'ordre reçu de son père quatre jours auparavant. Elle détestait être forcée à faire des choses qu'elle n'appréciait pas. Et là, elle se retrouvait non seulement avec le fardeau de l'apprentissage, un fardeau qui n'était pas des plus légers, sur le dos; mais aussi avec un sale va nu pieds qui se prenait pour l'Empereur en personne. Merveilleux. Et avec tout ça, on lui disait d'être cordiale? Seigneur, nous aurons tout vu!
"Je viens vous apporter des lettres". Plus simple, comme formulation, c'était difficile. Et l'impolitesse lui sauta au visage en même temps que la colère emplissait son coeur. Ce regard fier, cette altitude altière face à elle, n'était permise qu'aux gens de rang supérieur au sien! Et lui, sale petit rat d'égout, se permettait de la toiser! Ces paroles, dénuées du moindre cérémonial comme de la moindre politesse... Etait-ce trop demander à ce petit ver de terre de dire "Bonjour madame", d'incliner la tête (à défaut de faire une courbette avec le plateau dans les mains) et d'expliquer ensuite le motif de sa venue? Mais non, il fallait bien entendu que le sale petit rat se permette de n'en faire qu'à sa tête! Il devrait avoir honte! Mépriser ainsi le don, car oui c'était un don mine de rien, que venait de lui faire monsieur son père! C'était intolérable!
D'un geste brusque, la comtesse se releva de son lit, prit une longue canne noire et argent posée près du lit, qui d'ordinaire lui servait plus lors d'exercices que lors de corrections à donner. La canne en main, elle s'avança vers le garçon, raide et droite, d'un pas majestueux et calme. Elle se posta de toute sa hauteur (à peine plus grande que le garçon) devant le fameux Bohème, tâtant sa canne et le toisant de son mépris.
Qui es-tu pour me parler ainsi? N'as-tu donc aucune humilité, aucune gratitude? Dois-je te rappeler, immonde chose abjecte, que sans Monsieur le Comte tu serais encore en train de croupir dans ta misère crasseuse? La Comtesse tendit lentement sa canne, et du bout de celle ci, releva le visage du garçon d'un air sévère. Autoritaire, même. N'as-tu donc rien appris du comportement à adopter face à tes supérieurs hiérarchiques? Dois-je te rappeler que tu as droit ici à bien plus de considérations que les autres serviteurs, alors que tu les mérites moins qu'eux? Quand vas-tu comprendre les rudiments de la politesse et du respect? Elle écarta la canne du visage du Bohémien, puis l'abattit lourdement sur son épaule. Tiens-toi donc correctement, sale rat! | |
| | | Elswyn Zmeskall ~Altiste~
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| Sujet: Re: Mais qu'ai-je fait au ciel pour mériter ça? [Elswyn] Lun 9 Mar - 13:13 | |
| Quand Elswyn vit la jeune fille se lever brusquement, il eut grande peine à réprimer un mouvement de recul. Comme il l'avait vite remarqué, après que sa formulation malheureuse lui avait échappé, il avait mécontenté celle qui était devenue sa "maîtresse" et qu'il devait donc servir autant que faire se pouvait. Il n'avait nulle envie de la servir dignement, il devait bien l'avouer, et n'avait pas l'esprit servile, ce qui ne facilitait pas les choses. Peut-être aurait-il pu se montrer plus docile s'il était entré au service du patriarche de la maison, du comte... mais avec elle. Non, il savait qu'il n'y arriverait pas. Ou alors difficilement. Et elle ne lui facilitait pas la tache, à sans cesse le provoquer de la sorte en étalant sa situation de supériorité devant lui...
Il sentait que les choses turnaient mal pour lui. Pour changer. Tout tournait toujours mal le concernant de toute façon... Il tenta toutefois de ne pas montrer son appréhension et garda la tete fièrement relevée, toujours provoquant, sans réellement s'apercevoir de l'affront qu'il pouvait bien commettre. Il ne put totalement s'empêcher de palir quand il la vit prendre une canne...
Sacrebleu! Ainsi donc ici aussi, il y aurait droit. Lui qui avait espéré un instant... Mais non, encore une fois, de tels espoirs n'étaient visiblement pas pour lui. Une lueur de résignation vrilla alors son regard sombre tandis qu'il observait chaque geste de la gamine qui s'avançait vers lui, tachant de ne pas trembler lamentablement et de ne rien laisser paraître de son désarroi grandissant. Ce qu'il peinait à faire, à son plus grand damne.
Seules les paroles dures et le sinsultes infectes qu'elle lui offrit lui permit de tenir bon et de ne pas céder à la panique. Il raffermit alors sa prise sur le plateau, les jointures de ses phalanges blanchissant à vue d'oeil sous la pression. Non, il ne baisserait pas le regard, pas là, pas devant elle, surtout pas maintenant. Elle le tenait peut-être sous son joug et pouvait faire de lui ce qu'elle voulait, même le battre à mort, mais il ne baisserait pas le regard. Jamais. Jamais, se promit-il silencieusement en son for intérieur. Promesse muette mais promesse éternelle....
Il sentit d'ailleurs son regard se durcir, tandis qu'il se crispait sous la canne qui lui relevait éhontément le menton, comme s'il était si répugnant de le toucher. Ses lèvres se retroussèrent alors à son tour d'un rictus dégoûté tandis que ses orbes bleu nuit s'ancraient dans celles brunes de la jeune fille. Tous ses muscles étaient tendus et son visage crispé, alors qu'il attendait le coup fatal qui ne saurait tarder.
Et qui ne tarda guère. S'abattant lourdement sur son épaule. Forcément celle qui s'était déboitée il y a quelques années et qui lui faisait toujours un peu mal. Il ne put alors réprimer un gémissement tandis que le feu de la canne brulait ses muscles et ses os déjà si malmenés par le passé. Il dut faire appel au peu de volonté dont il était capable pour retenir les larmes qui menaçaient de trahir plus encore sa douleur. Il ne put toutefois empêcher ses mains de tout lâcher sous l'assaut, laissant alors tomber le plateau et son si précieux contenu dans un fracas de tous les diables. Quand il vit le liquide brulant entacher les deux lettres qu'il était venu apporter, il laissa échapper un petit hoquet. Mais ne bougea pas pour autant. Ni pour reculer et donc échapper à l'emprise douloureuse de la "comtesse", ni pour tenter de récupérer et sauver les lettres des affres parfois dévastateurs de l'eau brulante.
Et soudain... le mot à ne pas prononcer... jusque là, il n'avait trop rien répliqué, préférant le silence obtus à la riposte insolente, qui aggraverait immanquablement son cas. Et il devait avouer qu'elle avait raison sur un point : le comte lui offrait, sans qu'il ne comprenne vraiment pourquoi, un place de choix. Certes serviteur, mais serviteur éduqué. Voire plus, puisqu'on lui permettait même de faire de la musique. Que rêver de mieux? La liberté peut-être... et être considéré en humain et non comme un objet qu'on achète? Mais dans ce bas monde, s'il y avait bien une chose qu'il avait compris, c'est qu'on ne pouvait tout avoir et qu'on venait de lui donner déjà beaucoup pour quelqu'un comme lui...
Mais qu'on le traite de rat... Non! Tout, mais pas rat! Il releva alors brusquement le visage et les yeux, un orage éclatant dans ses yeux déjà assez sombres.
- Je ne suis pas un rat, répliqua-t-il alors, faisant fi de toutes ses bonnes résolutions pour ne pas répondre insolemment. Je ne suis pas un rat, répéta-t-il un peu plus fort.
Avant de finalement hurler :
- Je ne suis pas un rat!!!! | |
| | | Elisabeth de Castaignac ~Mécène de l'Opéra~
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| Sujet: Re: Mais qu'ai-je fait au ciel pour mériter ça? [Elswyn] Jeu 12 Mar - 19:05 | |
| La canne s'abattit dans un bruit sourd sur l'épaule de son domestique, délivrant par la même occasion la maîtresse d'une certaine rage qu'elle contenait depuis trop longtemps maintenant. D'accord, elle le savait bien, elle avait eu une réaction excessive face au jeune garçon, elle avait fauté, elle n'aurait pas dû se montrer aussi violente. Ce n'était pas digne d'elle, et pas digne de la faute qu'il avait commise. Mais qu'importait, maintenant, le mal était fait. Et il ne fallait pas trop compter sur Elisabeth pour s'excuser: autant elle le faisait de bonne grâce envers les personnes auxquelles elle vouait un certain respect, autant face au petit "rat", ce domestique insolent que son père lui avait collé sur le dos, c'était fichu et même plus que fichu d'avance: si elle se permettait assez de condescendance pour s'excuser une première fois, nul doute que le manant qui se trouvait présentement face à elle n'en profite que trop pour s'arroger encore plus de supériorité qu'il ne se permettait déjà d'en afficher. Et Dieu le Père savait lui-même que le jeune Hongrois s'en permettait pas mal, de la supériorité!
Bon d'accord, le "sale rat" qu'elle venait de se permettre de laisser échapper de sa jolie bouche en coeur de petite gamine insupportable et même détestable selon certains, était plutôt méchant, et quant à lui assez immérité. Enfin quoique, peut-être aurait-il juste mérité la réprimande, pas le coup de canne, mais tant pis pour tout ça après tout, le mal était fait, et elle n'en ressentait pas de véritable remords. Pourquoi s'en voudrait-elle donc? Elle n'avait aucune raison de regretter d'avoir châtié un domestique comme il se fallait. Si cela servirait de leçon au jeune garçon face à elle, ça lui servirait de leçon à elle aussi au passage. Elle s'en voulait quand même un peu, quoique les apparences ne le démontrent guère. Et elle ramena la canne au sol juste après l'insulte lâché à l'encontre du Bohème, de son air froid et inexpressif quotidien. Le résultat d'une éducation un peu trop étriquée probablement... Une dame, disait souvent sa gouvernante, doit savoir se montrer ferme et savoir faire asseoir son autorité. D'accord... Bon, avec le joli cas de domestique auquel Elisabeth avait affaire, ce n'était guère gagné, mais qu'importe! Elle allait bien finir par le mater!
... Ou pas. "Je ne suis pas un rat", explosait alors le domestique tandis que la comtesse regagnait tranquillement sa couche d'un air nonchalant. Pas un rat... dans une autre situation, pareille phrase aurait prêté à sourire, voire même aurait été prétexte à l'hilarité générale, tant elle semblait absurde dans la bouche de ce gamin pouilleux. N'eût été la situation présente et le remords qui envahissait peu à peu Elisabeth, elle en aurait ri. Pas un rat... Son apparence dénotait tout le contraire, pourtant! Sans la livrée de la maison d'Aubespin de Lontages qui lui rendait presque une apparence plus distinguée que celle de la plèble, le garçon aurait tant eu du chiffonier que du coup, le qualificatif de rat lui semblait parfaitement adapté. Elisabeth rit, de ce rire cristallin, limpide comme de l'eau de source, un rire bref, très léger, et avouons-le, légèrement moqueur sur les bords.
En es-tu bien sûr? J'eus juré, pourtant, au vu de ta sérénissime apparence, que tu dénotais du Sire des Egoûts, ou du Sire du Dégoût, que de l'Apollon...
D'accord. Là, il fallait le reconnaitre, elle se moquait vraiment de lui. N'empêche, il commençait à sérieusement la chercher, là! Elle en avait littéralement par dessus la tête, et la colère menaçait de l'envahir. Mais... mais non, ne pas céder à la colère! Elle y avait bien assez cédé ces derniers temps, pour ne pas recommencer encore une fois. Se rendant alors compte de la dureté de ses actes, la comtesse se laissa choir assise sur le lit, remit la canne à son emplacement d'origine, et regarda fixement un tableau, évitant les yeux de nuit de son vis-à-vis.
Peu me chaut de ton origine, au fond..., capitula la demoiselle d'un air soudain plus calme, alors que son regard déviait enfin vers le thé répandu par terre et sur les lettres qui s'en imbibaient. Elle laissa échapper un petit ricanement
Laisse-les s'imbiber au mieux. Des lettres d'imbéciles, de toute façon
Elle avait vu la couleur des sceaux imprimés sur la cire... Deux sceaux qu'elle connaissait fort bien pour avoir à étudier l'Armorial français... deux lettres de gens convenables auxquels on pensait la marier une fois qu'elle serait en âge...
Amédée-Joseph Florian César, comte de Castaignac. Un rustre quatre fois plus âgé que moi. Jules Terence, baron de Vaudeville. Un crétin. Les deux formant une clique de prétendants idiots qui convoitent l'héritage de ma famille... La perte des inepties qui leur tiennent lieu de lettres de courtoisie n'est qu'un salut pour tous. | |
| | | Elswyn Zmeskall ~Altiste~
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| Sujet: Re: Mais qu'ai-je fait au ciel pour mériter ça? [Elswyn] Sam 14 Mar - 17:55 | |
| Dire qu'Elswyn fut surpris de voir la canne s'abaisser vers le sol, au lieu de s'abattre encore et encore sur lui, serait un doux euphémisme. Il était rare en ce bas monde qui était le sien que les coups ne pleuvent qu'une seule fois quand ils commençaient ainsi. Mais à vrai dire, il n'allait certainement pas en faire la réflexion à la gamine, bien trop heureux de pouvoir échapper si facilement ainsi à sa punition. Il ne put toutefois s'empêcher de riposter quand elle le traita de rat. Insulte infâme selon lui... sachant qu'un rat était une proie qu'on mangeait. Et qu'il ne voulait pas être ni proie ni mangé. Bon d'accord, peut-être que dans cette noble maison, ils ne mangeait pas les rats, ayant certainement d'autres mets bien plus comestibles à se mettre sous la dent, tels poulets, volailles précieuses, voire mieux encore... Mais qu'importe. Il n'était pas un rat et ne se laisserait pas traiter de rat.
Et une fois encore, Elswyn sentit s'abattre sur lui le coup de la surprise. Oui, le coup de la surprise, et non le coup de canne... Etrange non, après un tel éclat? Nul doute que, cette fois-ci, il aurait mérité une punition digne de ce nom, à coups de canne ou de fouet, allez savoir, pour avoir osé se montrer si insolent envers celle qu'il aurait du considérer comme sa maitresse. Maîtresse... Voilà bien un mot qu'il détestait. Surtout quand il devait l'associer à cette gamine insupportable et pavaneuse à souhait. Il n'aurait jamais de maître. Jamais. Il voulait être libre... Libre, et non esclave. Et non un objet à vendre... En tout cas, surtout pas vendue à elle...
Et ce rire. Qu'y avait-il donc de si drôle? Ne pas vouloir être rat était donc si hilarant? Il avait soudain des envies de meurtre. Il sentait d'ailleurs des larmes de rage et de honte mêlées monter traitreusement à ses yeux et commencer déjà à perler sur ses joues. Larmes qu'il s'empressa d'essuyer d'un revers rageur du bras, sans prendre garde à salir ou non la belle livrée dont on l'avait habillé. Il n'avait pour l'heure qu'une envie, qu'une idée en tête : se saisir de la canne et en frapper la jeune Elisabeth. La frapper, encore et encore, jusqu'à ce qu'elle cesse ce rire, qu'elle cesse ses insultes, qu'elle cesse ses regards hautains et supérieurs... qu'elle cesse de vivre tout simplement. Puisque dans ce monde seuls les coups semblaient obtenir un quelconque résultat, pourquoi n'en donnerait-il pas lui aussi?
Il en était là de ses plans macabres tout de vengeance et de récriminations bien enfantines teintés, quand la voix si gamine et si horripilante de sa "maîtresse" le tira de ses songes, le ramenant abruptement à la réalité. Et voilà qu'elle en remettait une couche... Sire des Egoûts ou Sire du Degoût... Si lui la dégoûtait, savait-elle qu'elle le dégoûtait tout autant? Non, certainement ne le savait-elle pas. Comment aurait-elle pu seulement s'imaginer cela, elle si imbue de sa petite personne et si arrogante? Un petit hic toutefois... Il n'avait pas tout compris de ce qu'elle avait voulu dire. L'insulte, ça, il l'avait parfaitement cerné. Mais le reste... Elle avait parfois de ces tournures de phrase... Bien trop compliquées pour lui. Apollon? C'était qui celui-là? Et sérénissime? Ca voulait dire quoi? Pourquoi utilisait-elle des mots si compliqués?
Il préféra alors cacher son air perplexe et troublé, en s'accroupissant afin de ramasser les débris de porcelaine, et les restes des lettres imbibées d'eau bouillante. Comme de bien entendu, il ne manqua pas, peu concentré qu'il l'était, de se couper avec un morceau coupant. Il se contenta toutefois de relacher vivement le bout de porcelaine et de porter son doigt coupé à la bouche. Ce n'était pas la première plaie qu'il se faisait, surtout aussi bêtement. Et ce ne serait pas la dernière. Du moment que cela ne l'empêchait pas de jouer du violon...
Et de nouveau ce ricanement. De nouveau un ordre. Laisser les lettres s'imbiber... Etait-elle devenue folle? Elswyn releva alors son regard bleu sombre sur elle, montrant sans peine le peu de considération qu'il avait soudain pour la santé mentale de la jeune fille. Il nota toutefois précieusement les noms dans un coin de son esprit. Allez savoir, ca pourrait toujours servir un jour non? Mieux valait retenir les noms de tous ces nobliaux... histoire de...
Bon jusque là, il comprenait à peu près. C'était des idiots, des crétins finis. Ca, d'accord. Jusque là, aucun problème... mais le reste... "La perte des inepties qui leur tiennent lieu de lettres de courtoisie n'est qu'un salut pour tous." Qu'est-ce que ca voulait dire ça encore? Ca signifiait quoi ineptie? Tout d'un coup, il se sentait vraiment inculte. Ce qu'il était, assurément. Mais le concevoir de façon si abrupte était douloureux. Cruel même. Pourquoi n'était-il pas né noble lui aussi? La vie était si injuste parfois.... Un violon. Il lui fallait un violon. Son violon. Il avait besoin de se défouler, de déverser sa rage dans des harmonies allegretto...
- Ca veut dire quoi ineptie? Fit-il alors d'une toute petite voix.
Soudain bien humble, malgré la rage qui sourdait en lui en silence. Une rage non plus dirigée contre la gamine, mais contre lui-même. Contre sa naissance plus précisément.
- Et c'est qui Apollon? Rajouta-t-il tout en se relevant, son plateau portant lettres et débris en main, faisant fi du sang qui continuait de perler de son doigt, entachant le beau plateau d'argent. Encore un autre de ces nobliaux crétins? | |
| | | Elisabeth de Castaignac ~Mécène de l'Opéra~
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| Sujet: Re: Mais qu'ai-je fait au ciel pour mériter ça? [Elswyn] Sam 14 Mar - 21:27 | |
| La comtesse ressassait maintenant ce que signifiaient les lettres... Elles signifiaient, lui semblait-il du moins, que Père avait décidé de la marier, de préférence au plus vite, une fois qu'elle serait en âge si l'on peut dire ainsi. Elle aurait atteint auinze ou seize ans, et serait déjà épouse de nul ne sait quel duc, comte ou marquis, de préférence bien noble et bien riche, à la réputation irréprochable. Un petit mari parfait, exprimé en d'autres termes. Un petit mari parfait qui aurait à gérer son patrimoine, puisqu'elle était la dernière descendante directe de la famille d'Aubespin de Lontages, dernière tenante du titre : elle devrait donc honorer sa famille d'un beau mariage, de beaux enfants, dont l'aîné devrait être de préférence un garçon, et porterait à son tour les titres de la famille... Oh bien sûr, si d'aventure Elisabeth finissait par mourir d'une mort trop rapide, ou qu'elle finissait veuve et sans enfant, on trouverait bien le moyen de s'arranger, par exemple en confiant les titres à son cousin germain Edouard d'Aubespin de Lontages, plus proche héritier. Et si d'aventure Edouard était décédé, à son jeune frère, pourquoi pas?
Mais ce n'était pas là le problème, la cause des soucis de la jeune Elisabeth: la demoiselle était tout bonnement outrée de savoir que son père contractait ainsi maint arrangement, mainte discussion, maintes enchères, comme si elle-même n'était qu'un objet à vendre, une marchandise mise aux enchères avec un délai de six ans pour payer le crédit. Elle avait une belle corbeille de noces, certes, et c'était plus vite cela qui attirait le charognard du commun: le nobliau ruiné rêvant de mariage faramineux alors qu'il a perdu ses terres et sa fortune. Il n'en porte donc plus que le titre... Ridicule! Certes, Elisabeth ne possédait plus réellement ses terres, son aïeul ayant réussi quelque tour de force avec les habitants pour s'assurer une certaine immunité contre les révoltes. A la place des terres, la famille était nantie d'une jolie petite fortune... N'était-ce pas suffisant? Enfin, cela mis à part, Elisabeth serait vendue à son tour comme une marchandise...
Un coup d'oeil vers le domestique qui grimaçait en suçotant son doigt ensanglanté lui arracha un rictus amer: lui qui disait sans cesse qu'il était libre, mais qu'on l'avait vendu de force... Tiens, il pouvait bien se complaire dans son amertume, celui là! A croire qu'il ignorait qu'il en allait de même pour la moitié des gens, des domestiques aux nobles en passant par les bourgeois: la plupart des femmes n'avaient pas de réel mariage d'amour... Et elle en ferait pas exception, n'est-ce pas? Elle aurait un mari, peut-être Jules de Vaudeville, l'un des prétendants à sa main dans les plus convenables, mais qui avait l'énorme défaut de n'être que baron, même si, il faut l'avouer, un baron assez bien nanti. Quant à de Castaignac, par pitié Seigneur, faites qu'il meure avant qu'elle ne soit en âge de se marier! Elle avait une sainte horreur de ce rustre qui ne se montrait jamais sous un jour présentable, même lorsqu'il venait en personne chez elle le temps d'un dîner en la compagnie de la petite famille... Il buvait assez bien, et pas que de l'eau, croyez-en ses yeux. Il mangeait, tachait parfois son habit, et jurait encore moins poliment qu'un charretier lorsqu'il s'adressait aux domestiques. En dehors de cela, c'était un homme "Charmant", comme disait si bien Mère. Tu parles.
Ses songes amers furent interrompus par la voix du petit domestique. Pour une fois, elle le remerciait intérieurement: au moins, il l'avait empêchée de s'énerver et de ressasser tout ça, il lui avait au moins distrait les pensées pour quelques minutes... si pas plus, nous verrons bien. D'accord, elle avait insulté, peut être du moins, son futur mari. Qu'importe, ce n'était qu'un homme ordinaire, et parfaitement crétin. Qu'il soit aussi bien le Vaudeville que le Castaignac. Oui, ils étaient des nobliaux crétins. Et Elswyn n'avait bien entendu rien compris à ce qu'elle disait... Normal... Il semblait logique à la comtesse qu'on ne lui ait pas appris le français châtié. Tout juste s'il parlait un français correct, courant, acceptable mais sans plus. La comtesse eut un léger sourire et releva la tête, apercevant le plateau couvert de débris, et dans le liquide doré du thé gâché, une petite traînée rouge. Un effet de la lumière, ou le sang du domestique? Elisabeth n'en savait fichtrement rien. Et peu lui importait, à vrai dire...
Dépose donc le plateau sur le guéridon. Et approche.
Non, pas de coups de canne en prévision. Juste une leçon de langue française... Et visiblement une autre de mythologie. N'eut-été la rage qui l'habitait deux secondes seulement auparavant, elle aurait ri de ce qu'avait dit le jeune homme... Apollon, un nobliau crétin? Seigneur, voilà une phrase qui aurait bien pu la dérider... Mais qui ne l'avait qu'à peine fait sourire avant qu'elle ne retombe dans son espèce de mutisme rageur.
Ineptie veut dire absurdité. C'est quand on dit quelque chose qui n'a pas de sens. Et Apollon, ce n'est ni un noble ni un crétin, c'est le dieu de la beauté masculine et de la musique dans la Grèce antique. | |
| | | Elswyn Zmeskall ~Altiste~
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| Sujet: Re: Mais qu'ai-je fait au ciel pour mériter ça? [Elswyn] Mer 18 Mar - 13:36 | |
| Elswyn obéit pour une fois docilement quand la jeune fille lui demanda de déposer le plateau sur le petit guéridon près d'elle. Il n'allait certes pas protesté de pouvoir se débarasser de ce fardeau. Même si un fardeau bien peu lourd, en comparaison des taches ingrates, voire dangeureuses, qu'il avait pu effectuer aux côtés de ses frères et soeurs ou de ses camarades manants. Pour tout dire, même s'il n'appréciait guèr l'idée de servir et encore moins celle d'avoir été vendu, il était tout de même plus à l'abri ici, où il avait à manger et à boire plus que de besoin, où il était vétu et blanchi décemment et où il était traité assez correctement. Et ce n'était pas le cop de canne qu'il venait de recevoir et qui lui brulait encore l'épaule, qui allait le faire changer d'avis sur le sujet. Ce petit coup, pas si petit que ça au demeurant, n'était rien en fait en comparaison de ce qu'il avait déjà pu recevoir par le passé. Les coups de son père avait su se montrer bien plus violents. Et bien plus marquants, etachant aussi bien sa chair que son esprit... Donc non, vraiment, il n'était pas si mal que ça ici. Si seulement il pouvait faire un peu plus de musique et voir un peu moins cette horripilante gamine... Il ne riposta toutefois rien quand elle lui commanda d'approcher et obéit, une fois encore étrangement docilement, avançant par petits pas vers elle. Il était toutefois sur ses gardes, se demandant quelle bassesse elle allait encore pouvoir lui infliger pour réprimander son incorrection de poser de telles questions. Mais, à sa plus grande surprise, aucun coup ne vint. Aucune insulte non plus. Aucune bassesse donc. Au contraire. Elle souriait. certes un sourire quelque peu triste. Mais elle souriait. Comme s'il avait dit quelque chose de drôle... Remarquez, peut-être bien, vu qu'il n'avait fichtrement rien compris de ce qu'elle lui avait dit. Peut-être se moquait-elle encore de son ignorance? Et par là même de son français à la fois grossier et aux doux accents étrangers? Quelque chose qui n'a pas de sens, expliquait-elle. Une minute... Elle lui expliquait ce qu'il n'avait pas compris? Elle répondait à ses questions? Diantre! En voilà une de bonne... Quel vice cette manoeuvre cachait-elle encore? Etait-ce une autre manière de mieux se moquer de lui et de son ignorance populaire affligeante? Non, il ne lisait pourtant aucune moquerie dans le regard qu'elle lui adressait pour l'heure. Juste.. Juste le regard qu'un professeur pourrait poser sur son élève. ni plus ni moins. Un regard détache, de celui qui explique à l'autre, sans s'encombrer d'autres sentiments futiles et inutiles... Etrange non? Elle ne semblait pas se moquer de lui... N'était-ce pas un peu louche? Quoiqu'il en soit, même si au fond de lui un zest de méfiance sauvage couvait encore, Elswyn se garda bien de toute remarque et préféra taire ses possibles commentaires ironiques. Après tout, si elle voulait se moquer de lui en lui inculquant le savoir qu'elle pouvait posséder, qu'importe... Du moment qu'il apprenait quelque chose de son côté. Et peut-être un jour parviendrait-il lui aussi à toruver un savoir qu'elle ne détenait pas, qui sait? Il écouta donc les explications, ses yeux pétillant soudain, sans qu'il ne s'en rende compte, d'une lueur avide. Oui, avide... Avide de connaissance, de savoir... Avide de culture, lui si inculte comme le commun du peuple. Peuple qu'il exécrait parfois tellement cette image d'ignorance cancre qu'il renvoyait, sa propre image en quelque sorte, l'écoeurait. Pourquoi donc n'avaient-ils pas droit eux aussi de savoir? Et là, elle lui offrait du savoir... Peut-être ne le faisait-elle pas dans ce sens-là, mais qu'importe. Si elle savait à quel point ce qu'elle lui offrait là coûtait cher aux yeux du petit garçon qu'il était... Un Dieu de la beauté masculine et de la musique dans la Grèce Antique? - Parce qu'il n'existe pas un Dieu, mais des Dieux? S'exclama-t-il soudain, interdit, sans se rendre compte d'avoir coupé la jeune fille dans ses explications pourtant si intéressantes. Et c'est quoi la Grèce Antique? Et y'a plusieurs beautés alors?
Dire qu'il était soudain perplexe de tant d'informations était peu dire. Sans comper que ces informations rentraient en conflit de ce qu'on lui avait inculqué étant petit... et de ce qu'il avait toujours cru. Une chose de sûr : si Elisabeth disait vrai, alors cet Apollon serait son ami. Il ne pouvait en être autrement du Dieu de la musique! | |
| | | Elisabeth de Castaignac ~Mécène de l'Opéra~
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| Sujet: Re: Mais qu'ai-je fait au ciel pour mériter ça? [Elswyn] Mar 24 Mar - 18:28 | |
| A se demander quelle mouche avait bien pu la piquer dans son sommeil... Quoi qu'il en soit, la mouche en question devait être bien virulente, devait lui avoir inoculé quelque maladie, devait avoir suscité quelque fièvre... voire même quelque accès de pure démence. La voilà donc, elle, en train de donner des leçons de culture générale et de langue française à un de ces petits souillons qui vous servaient de domestiques? Certes, c'était conforme aux exigences de père, qui désirait qu'elle montrât plus de condescendance et d'amabilité en s'adressant aux subalternes, mais tout de même! N'était-ce pas pousser le bouchon un peu trop loin dans la bouteille? Ce n'était pas vraiment que ce genre d'attitudes la stupéfiait elle-même, plutôt qu'elle se montrait trop gentille à son goût à l'égard des domestiques. Or, mademoiselle Elisabeth ayant une assez haute opinion de ce qui l'entourait, ceci (soit la chose que l'on nommait outrageusement domestique et qui n'était au fond que quelque gamin des rues que Claudin avait eu l'idée farfelue de ramasser) faisait parfaitement tache. Et elle détestait tout ce qui faisait tache.
Quand bien même Elisabeth n'en menait pas large, qu'elle continuait néanmoins à parler, disserter, pendant ce qui lui parut une éternité. Eternité de quelques secondes seulement, au vu du peu de paroles qu'elle en vint à prononcer, mais éternité tout de même. Seigneur, que ne passait-elle de temps à s'occuper de pareille sornette qu'était l'éducation d'un malandrin? Ce n'était pas là son affaire, mais bien celle de son malheureux précepteur, qui avait, oh comble de malheur, la charge de les éduquer tous deux en même temps! Qelle idée avait bien pu traverser son comtal père, elle n'en savait que trop rien, mais en tout cas, cette idée en viendrait presque à mettre sa sanité d'esprit en doute aux yeux de la jeune Elisabeth. Instruire un domestique, passe encore, mais en compagnie de la fille du comte, la vicomtesse Elisabeth d'Aubespin de Lontages, unique héritière du titre de la famille, c'en était trop! De quel sortilège, de quelle ruse avait-il donc fait montre, ce petit singe, pour pouvoir ainsi s'arroger autant? A moins qu'il n'y soit pour rien, lui souffla sa conscience, mais elle en eut cure. Et quoique la rage l'habitât encore un peu, elle se résolut néanmoins à la faire taire séance tenante. Elle s'était déjà assez donnée en spectacle pour la journée.
Fort heureusement pour elle, si l'on peut dire du moins, le garnement eut au moins la présence d'esprit de l'interrompre avant qu'elle ne s'enlise dans quelque explication pouvait mener trop haut la culture de son domestique -se faire battre par un pouilleux? Jamais tant qu'elle vivrait! Certes, s'il avait eu la politesse et la décence de le faire après qu'elle eût fini sa phrase, ç'aurait sans nul doute été bien mieux, mais elle avait appris à ne pas trop en demander à la fois... Donc, la demoiselle mit en application les principes qu'on lui avait inculqué depuis son plus jeune âge, et se tut deux minutes, le temps que le garçon expose ses diverses questions. Bon, une chose à reconnaître déjà, il n'était pas aussi niais qu'ignorant. Si tel avait été le cas, nul doute qu'elle n'aurait attendu quelques minutes de plus pour le réexpédier à son père avec la mention "ne pas retourner à l'expéditeur" écrite en grand sur la livrée de velours grise brodée de blanc et d'argent, en lettres de sang pour faire encore plus joli.
Elisabeth en vint presque à lever les yeux au ciel, et se fut avec stupeur qu'elle s'entendit répondre. Elle devait réellement avoir perdu l'esprit... Quoique, le ton était moins condescendant, cette fois, et trahissait un peu plus de son agacement. Agacement qui n'était d'ailleurs pas spécialement dirigé contre Elswyn, au passage... plutôt une certaine lassitude générale quant à ce monde de brutes qu'elle en venait presque à détester de temps à autres. Heureusement, pas trop souvent... Bien sûr que si, nigaud, il n'y a qu'un seul Dieu, roi du ciel et de la terre. Mais avant la venue du Christ sur Terre, nos ancêtres de la Grèce Antique, la Grèce il y a très longtemps, croyaient en des tas d'autres divinités... Pour ce qui était de la beauté, par contre, elle ne put se retenir de lever légèrement les yeux au ciel... décidément, il lui aurait tout fait, celui là! Bien entendu, il y a plusieurs beautés... Celle des hommes, et celle des femmes. Et représenter la beauté féminine sous des traits masculins... ce serait pure bouffonade! Un léger ricanement lui échappa. C'était bon, là, elle avait satisfait les exigences de monsieur? Ou fallait-il qu'il demande à fouiller dans sa bibliothèque? | |
| | | Elswyn Zmeskall ~Altiste~
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| Sujet: Re: Mais qu'ai-je fait au ciel pour mériter ça? [Elswyn] Jeu 2 Avr - 12:07 | |
| Entendre répondre la jeune fille le surprit grandement, lui qui s'attendait à être expédié en enfer, ou pire, pour avoir osé poser de telles questions. Questions sans doute hautement stupides, comme elle n'allait pas manquer de le lui faire remarquer. Mais questions bien trop ancrées dans son esprit d'enfant maintenant pour qu'il puisse passer outre. De toute façon, il n'avait jamais su passer outre sa curiosité. Une curiosité maladive, comme disaient si souvent ses parents et les manants avec lesquels il avait vadrouillé jusque là. Et ce n'était pas maintenant, aussi jeune, soit-il qu'il allait changer et se montrer plus prudent. Les insultes et les coups n'avaient rien réussi contre son caractère curieux et avide de tout savoir à sa portée. Alors les brimades, quelles qu'elles soient, d'une gamine...
Un seul Dieu donc... Mais un tas de divinités avant. Là, il devait avoir manqué quelque chose, car il ne comprenait pas. Et c'était qui le Christ? Le fils de Marie? Oui, vu qu'on disait Jésus Christ et que Jésus était le fils de Marie... il y avait fort à parier que oui, c'était bien de lui dont Elisabeth parlait.
- Euh, commença-t-il, fort éloquemment, sous le coup de l'étonnement.
Ce qui le fit quelque peu rougir de honte et d'embarras, avant qu'il ne tâche de reprendre une élocution un tant soit peu normale et cohérente.
- Alors... avant la naissance du fils de Marie... Le christ, c'est bien lui, non? Donc... avant sa naissance... il y avait plusieurs Dieux? Et non pas un seul? Parvint-il à demander, sentant confusément qu'il avait manqué un épisode.
Qu'il se sentait inculte dans ses moments-là. Mais... mais, pour tout dire, malgré la honte qui le rongeait d'en savoir si peu, la curiosité était plus forte que tout. Il fallait qu'il comprenne, qu'il apprenne, qu'il sache... Il voulait savoir. Un point c'est tout.
- Mais, reprit-il, son regard se faisant vague tandis qu'il fixait un point imaginaire par dessus la tête d'Elisabeth, sous l'effort de concentration, ce que je ne comprends pas, c'est que normalement Dieu est censé avoir toujours existé. Alors pourquoi tu dis que, il y a très longtemps, en Grèce, il y en avait plusieurs? En fait Dieu était plusieurs au début et il a décidé de ne faire plus qu'un? Et c'est où la Grèce d'ailleurs?
Ouch... Que de questions d'un coup. Nul doute que cette fois-ci, elle allait le rembarrer avec ces questions incessantes. Déjà qu'il avait senti l'agacement poindre le bout de son nez, alors qu'elle tentait de lui répondre, alors que dire de ce qui l'attendait incessamment sous peu... Mais que voulez-vous, il avait atteint l'âge crucial et fatigant des pourquoi et des comment. Des pourquoi, des comment ey des qu'est-ce que c'est, qui lui démangeaient le palais à tout moment. Ou presque. Et encore il n'exprimait réellement à haute et intelligible voix que le quart de ce qui lui passait par la tête.
Si seulement... Si seulement il savait lire. Ecrire. Compter. Lire... Lire... C'était, presque comme musique l'était, le mot magique, semblait-il. Un mot qui vous ouvrait tant de portes, tant d'avenirs... Oui, mais voilà. Lire n'était pas pour des gens comme lui. Surtout pas.
Et ca voulait dire quoi bouffonade? Et pourquoi ricanait-elle soudain? C'était pas marrant, si? Avait-il dit quelque chose de si drôle que ça? Même s'il s'efforçait de menacer les larmes qui menaçaient de poindre et de le trahir, il se sentait vaciller sous ce ricanement, qui lui assena un coup, plus terrible encore que le coup de canne qu'il avait pu receboir précédemment. Plus douloureux. Une douleur qu'il ne parvint à effacer de ses prunelles bleu nuit. La douleur de l'ignorance et de la conscience de son ignorance... Une douleur terrible quoique puissent en dire tous ces nobles... | |
| | | Elisabeth de Castaignac ~Mécène de l'Opéra~
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| Sujet: Re: Mais qu'ai-je fait au ciel pour mériter ça? [Elswyn] Mer 8 Avr - 18:31 | |
| A croire qu'elle avait vraiment eu tort de lui répondre une première fois. Tendez lui la main, il vous bouffera le bras, autrement dit ! Pas que répondre à ses petites questions de gamin inculte la dérangeait outre mesure, à vrai dire : ceci lui permettait aussi d'asseoir d'une certaine manière sa supériorité toute relative sur le morveux, et de se permettre un brin de condescendance altière dans laquelle elle avait toujours excellé, aussi loin qu'elle se souvînt. Quoi qu'il en soit, elle n'avait plus maintenant qu'à exceller dans le domaine des explications, puisque quelles que soient ses réponses, elle allaient bien évidemment susciter d'autres questions, toujours plus profondes, si bien qu'à un moment (qui pouvait s'avérer aussi proche que lointain) il finirait bien par atteindre les limites de ses connaissances à elle. Et cet instant là, Elisabeth le redoutait : elle aurait honte de montrer son ignorance, aussi peu importante fut-elle, devant ce petit rustre de bohémien. Alors, au lieu d'éviter les réponses, et donc de possiblement passer pour une ignare aux yeux du gueux, elle se permettait de répondre à toutes les questions, non sans avoir la désagréable impression de s'être fait rouler dans la farine : qu'elle ne réponde pas, et elle passait pour ignare ; mais si elle répondait, elle devait bien entendu montrer au gueux qu'elle était pliée à ses demandes. Seigneur, dans quel pétrin s'étaut-elle encore fourrée...
Et bien entendu, il fallait par la même occasion qu'il pose des dizaines de questions en même temps, tant qu'on y était... Seigneur, s'il continuait ainsi, elle allait bientôt ne plus savoir où donner de la tête ! Quoi qu'il en soit, Elisabeth se résigna à y répondre une fois de plus. Guère plus avant, il fallait bien l'accorder, ou ses limites allaient être trop rapidement atteintes... Si du moins il ne lui donnait pas l'occasion d'échapper à la corvée des réponses aux questions. Il semblerait en effet qu'un léger tutoiement, preuve la plus irréfutable de l'irrespect que ce sale garnement n'avait de cesse de lui témoigner, avait troué son pauvre tympan, lui donnant par là une excellente occasion d'accabler à nouveau le godelureau de sarcasmes... Voire même de le châtier pour son impudence et son impolitesse. A l'ouï dudit tutoiement, la bouche d'Elisabeth se tordit d'un pli convulsif, rapidement effacé néanmoins alors qu'elle retrouvait toute sa froideur. Laissant à peine au garçon le loisir de terminer sa sempiternelle litanie de questions plus impudentes les unes que les autres.
Comment t'es-tu adressé à moi, vaurien?, gronda la comtesse d'une voix dans laquelle grondait toute la fureur qu'elle avait bien pu amasser, pas spécialement contre le gosse d'ailleurs, mais bien contre le reste de ce qui lui tombait dessus cumulé à l'antipathie pathologique qu'elle semblait éprouver à l'égard du gamin. Elle se sentait sur le point d'éclater, et par la même occasion de transformer ce misérable bohémien en pâtée. Elle en avait promptement marre, pour tout avouer, et ce n'était pas réellement la présence d'esprit dont elle avait fait preuve jusqu'à présent, ainsi d'ailleurs que sa remarquable maîtrise d'elle-même qui lui avait permis de se tenir plus ou moins conformément à son rang, qui pourrait finalement la retenir d'aller plus avant. Pas que les rosseries la tentent tout particulièrement, il fallait bien l'avouer, ce n'étaient pas vraiment le genre d'activité auxquelles Elisabeth se livrait avec plaisir, mais parfois, elle se sentait parfaitement capable de faire l'une ou l'autre exception.
Tu as osé me tutoyer ! Sale rat ! N'as-tu donc rien retenu des principes de politesse de base qui t'ont été inculqués à ton arrivée ici ? N'as-tu donc rien appris ? Tu dois me vouvoyer, crétin ! Et vouvoyer, au cas où tu n'aurais pas assez de présence d'esprit pour en comprendre la signification, ça veut dire s'adresser à moi en disant "vous" ! Ce n'est pas si compliqué à comprendre, si ?
Elle avait levé la canne à nouveau, la brandissant à bout de bras... Et ne se résignant pas encore à frapper, se retenant pour être plus exacte de laisser libre cours à la colère sur le point de prendre possession d'elle. | |
| | | Elswyn Zmeskall ~Altiste~
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| Sujet: Re: Mais qu'ai-je fait au ciel pour mériter ça? [Elswyn] Lun 27 Avr - 17:57 | |
| Alors qu'il attendait avec une aviodité non feinte et plus qu'impatiente les réponses à toutes ses questions, questions qui le tarabustaient au point de lui en donner la migraine, jusqu'à ce qu'il ait trouvé une réponse qui lui convienne, il vit la jeune fille se remettre brutalement en colère sans qu'il ne réalise pleinement pourquoi. Qu'est-ce qu'il avait encore fait pour que tout d'un coup elle redevienne tortionnaire et agressive avec lui ? Lui qui avait cru, un bref instant, que non, finalement, elle n'était pas si horrible que ça et pouvait même être agréable. Et cultivée. Et admirable de par ses connaissances qu'elle possédait et qu'il ne pouvait posséder lui-même. Pas de suite du moins...
Visiblement, s'il comprenait bien ce qu'elle lui reprochait, il l'avait tutoyer. Arf... C'est vrai, on lui avait répété qu'il ne fallait pas tutoyer les maîtres mais les vouvoyer. Vague notion toutefois pour notre jeune bohémien tout juste sorti de la rue. Comment pouvait-il réaliser l'outrage dont on l'affublait soudain ? Il ne l'avait pas fait exprès. Mais assurément, ce ne serait pas une excuse décente n'est-ce pas ? Dommage, parce que c'était pourtant la seule excuse qu'il avait, et une excuse sincère qui plus est.
Mais, alors qu'il allait se résigner à la réprimande, sans doute justifier dans l'esprit de ces nobliaux de français, l'insulte suprême selon lui, après celle d'être traité de prussien, résonna à ses oreilles délicates. Rat. Rat... de tous les mots, celui-ci allait vite devenir un mot honni qu'il ne pourrait plus supporter. Il n'était pas un rat...
Et la colère gonflant en lui telle la mer sous le vent, il s'entendit s'écrier sans qu'il ne puisse retenir les mots malheureux qui lui échappaient soudain :
- Je ne suis pas un rat. Ich bin nicht ein Ratte.
La canne s'éleva à nouveau le menaçant sans honte. Il ne baissa pas le regard pour autant, s'apprêtant encore à encaisser le coup. Il en avait l'habitude de toute façon. Les ecchymoses qu'il avait gardé des derniers coups de son paternel en étaient la preuve. Et celle qui n'allait pas manquer de le marquer après le précédent coup n'en était que la confirmation. Rien que d'y penser toutefois, la douleur lancinante de tout à l'heure, pourtant bien peu forte, le relança...
- Ich bin nicht ein Ratte. DU bist ein Ratte, sentêta-t-il cependant. Du... Du...
Il aurait bien aimer en dire plus, mais la porte venait de s'ouvrir, le gond grinçant durement le faisant soudain tourner la tête brusquement. Arg... le comte. Le monsieur qui l'avait accueilli il y a peu venait d'apparaître. Assez mécontent dirait-on. Voilà qui ne présageait rien de bon pour lui... Et soudain honteux... apeuré surtout de ce qui pourrait lui advenir, le pire étant de retourner là d'où on l'avait tiré, il baissa la tête.
- Puis-je savoir ce que vous escomptez faire au moyen de cette canne, ma fille ?
Quelle fut la surprise du gamin à cette question. Pas de "quels sont ses cris" ou "Que signifie ce langage", vu qu'il venait de parler allemand, langue normalement honnie en France. Mais "puis-je savoir ce que vous escomptez faire au moyen de cette canne, ma fille ?"... Etonnant non? En tout cas, lui était étonné. Bien que toujours terrorisé et la tête basse. Résigné presque. | |
| | | Elisabeth de Castaignac ~Mécène de l'Opéra~
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| Sujet: Re: Mais qu'ai-je fait au ciel pour mériter ça? [Elswyn] Dim 3 Mai - 4:46 | |
| Il osait... Par tous les saints, il osait, le petit gredin loqueteux affublé de la livrée de sa maison, il osait l'insulter à son tour ?!! En allemand qui plus est, comme s'il escomptait, dans toute sa candeur par trop enfantine, qu'elle n'allait pas comprendre ce qu'il lui racontait. Comme si elle ne comprenait pas l'allemand... Comme si sa phrase était aussi difficile à comprendre que cela. Il avait dû oublier de noter le fait que la propre mère d'Elisabeth était allemande, et qu'en conséquence, elle parlait la langue maternelle avec quelques aisances ? D'accord, il fallait le reconnaître, elle ne parlait pas très très bien allemand. Même pas vraiment bien du tout, de fait, mais assez pour comprendre quelques notions et quelques mots basiques... Et il fallait avouer que la phrase qu'il venait d'énoncer en allemand, l'insultant, elle, Elisabeth d'Aubespin de Lontages, n'était pas des plus compliquées à comprendre, n'est-ce pas ? Ich bin nicht eine Ratte, du bist die Ratte. Je ne suis pas un rat, c'est toi qui l'est. Très aimable, vraiment, voilà qui empirait encore son cas pourtant déjà pas très brillant au départ ! A se demander si ce sale petit gueux avait déjà eu l'occasion de se servir de ce qui se nomme un cerveau, son cerveau, de fait. Elisabeth en doutait sincèrement. Et sa mémoire à lui, qu'en faisait-il si ce n'est apprendre de ridicules morceaux joués faux sur un affreux crincrin ? Voilà une autre question qui la taraudait, pendant qu'elle maintenant la canne en l'air, la veine temporale battant de fureur sur sa tempe droite, le visage rougi par la fureur et blanchi par la rage, ce qui, additionné, lui donnait un aspect plus ou moins habituel.
Glaubst du, dass ich nicht Deutsch spreche ? Oder glaubst du, dass ich eine kleine Gräfin ohne Gehirn bin ? Du dumme und unwissende Ratte ! Weiss du, dass meine Mutter aus Deutschland komme ? Nein, glaube ich... Also, schweig und überlegt ein bisschen vor sprechen !
La colère de la comtesse Elisabeth ne semblait pas sur le point de retomber de sitôt, ce qui n'était pas le cas de la canne. Le bras de la jeune fille vacillait presque sous le poids, mais elle ne se laissait pas submerger, quitte à avoir une crampe par la suite. Peu lui en challait, tant qu'il lui était donné l'occasion de corriger comme il se devait ce petit mécréant, ce bouseux vaniteux et par trop prétentieux pour pouvoir servir chez elle. Quelle mouche avait bien pu piquer ce pauvre Claudin, pour qu'il ramène à la maison cette espèce de rat d'égoût tout crotté de boue et de crasse, un vieux crincrin en une main, un archet dans l'autre, un air répugnant ancré sur le visage, mélange d'admiration et de répulsion, et assez d'arrogance pour que son propre père accepte de le prendre sous son aile ! La famille d'Aubespin de Lontages aurait-elle donc touché le fond ? Il semblerait ! Pour accepter des mendiants à l'intérieur, même si sous la livrée de serviteur, cela lui semblait trop... euh, trop exagéré, dirons-nous. Trop indigne de la renommée de la maison. Quoi qu'il en soit, elle n'avait guère le choix, son père et sa mère étant seuls maîtres à bord. Quand bien même elle enrageait, elle n'avait pas le droit de s'opposer trop ouvertement... et ça l'énervait plus que de raison. Encore heureux qu'elle avait le droit de châtier celui qu'on lui avait outrageusement désigné pour domestique !
En parlant de monsieur son père... Quand on parle du loup, on en voit le bout de la queue, comme qui dirait ! En effet, avec un grincement (qui lui fit penser qu'elle aurait à ordonner au sale petit rat d'utiliser ses petites pattes de charogne pour graisser les gonds) léger, ténu mais néanmoins audible, la porte s'ouvrit sur le comte d'Aubespin de Lontages. Seul, qui plus est. Elisabeth savait pouvoir s'attendre au pire comme au meilleur. dans ce genre de situations, mais quelque chose en elle la faisait invariablement opter pour l'option pire. Oh bien entendu, rien n'était certain, mais le fait qu'il s'adresse à elle d'une intonation coléreuse, et ne fasse aucunement attention au domestique, lui laissait sous-entendre une merveilleuse partie de plaisir : que comptait-elle faire de cette canne ? Hé bien, battre ce pitre qu'on eut l'outrage de lui attribuer comme domestique, quelle question ! Question qu'elle aurait bien entendu évité, d'ailleurs... Quoique son père n'hésitait pas à châtier quelque domestique désobéissant ou réticent à obéir. Pourquoi ne pourrait-elle donc pas faire de même avec les siens ? Parce qu'elle était une femme, parce qu'elle était une comtesse, et qu'elle avait à laisser ce genre de tâches à son mari ou à un subalterne ? Balivernes, foutaises ! Parce que lui ne méritait rien non plus ? Allons donc ! Elisabeth rabaissa néanmoins la canne, plus pour soulager son bras que pour abaisser la menace, et regarda son père dans les yeux.
Quelle question, Père ! Je m'apprêtais à donner à ce petit avorton la correction qu'il mérite pour m'avoir tutoyée, m'avoir insultée en allemand, et avoir cassé mon service à thé ! Elle n'allait pas laisser l'histoire du plateau inaperçue, si ? Si je puis me permettre, Père, ce genre de fautes est bien grave... ne trouvez-vous pas ?
Certes, mon enfant, mais... ne trouvez-vous pas qu'il serait préférable de laisser à ce garçon le temps de s'adapter à la situation ?
La canne retomba par terre, alors que le visage d'Elisabeth pâlit davantage. | |
| | | Elswyn Zmeskall ~Altiste~
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| Sujet: Re: Mais qu'ai-je fait au ciel pour mériter ça? [Elswyn] Mer 20 Mai - 17:45 | |
| Horreur ! Horreur suprême même ! Elle parlait et comprenait l'allemand. Elle parlait Allemand, par tous les feux sacrés ! Qu'il avait l'air fin alors, à la regarder béatement, comme s'il venait de pousser trois cornes à la jeune fille. Mais comment aurait-il pu seulement deviner ? Quand ils étaient arrivés en France, peu de gens parlaient cette langue qu'ils jugeaient âpre et gutturale. La langue de l'ennemi, avait-il souvent entendu dire dans son dos. Les français étaient si chauvins que peu daignaient apprendre une autre langue. Du moins, était-ce ce qu'il croyait. Avait cru ? A vrai dire, il ne savait plus trop quoi croire dès lors.
Elle parlait allemand ! Elle, fille de noble, si imbue d'elle-même, et certainement aussi imbue de sa patrie, savait parler la langue ennemie ! C'était... tout bonnement inconcevable pour Elswyn. Incroyable. Non, pire, impossible. Et pourtant... les mots ne trompaient pas. Pas ceux-là en tout cas. Elle venait bel et bien de prononcer des mots indubitablement allemand. Et de l'insulter alors dans sa propre langue, sans l'once d'une hésitation. Alors que lui cherchait encore parfois stupidement ses mots en français, butant maladroitement sur eux, ou les égratignant de son accent rugueux. Honteux. Voilà ce qu'il était soudain. Non pas honteux de l'avoir insultée. Mais honteux de sa maladresse, de sa défaite (car s'être ainsi si copieusement trompé la concernant, et surtout concernant son savoir du monde et des langues, et qui plus est, s'être fait insulté dans sa propre langue, c'était une défaite, et une défaite cuisante).
Ne restait plus qu'à essuyer la colère sourde qui habitait alors la jeune fille et qui menaçait à tout instant de définitivement s'abattre sur lui, et à attendre que la tempête se passe. En silence. Et si possible sans geindre. Mais, à croire que le cieil était avec lui ces derniers jours, la colère ne vint pas. Pas aussi fortement qu'il l'aurait cru du moins. Pas de coup, pas de canne... Non, rien de tout cela.
Et tout cela s'expliquait par un seul mot, un seul homme : Monsieur le Comte. Ce dernier venait d'arriver, et avait su faire choire, comme par magie, la canne que tenait encore Elisabeth, et ce par le simple pouvoir de son regard. Un regard alors dur, sévère. Et étonnamment, pas vraiment adressé à lui, mais, dirait-on, plutôt à la jeune fille. Etrange, non ? L'homme ne semblait nullement s'intéresser au possible méfait du petit va-nu-pied qu'il était. Non, ce qui semblait importer bien plus le Comte était la canne levée contre lui. Vraiment étrange, vous dis-je. Jamais, ô grand jamais, personne n'avait osé le défendre, ou le soustraire à un quelconque châtiment. Mais ce Comte... Visiblement ce Comte escomptait bien le soustraire à la canne. Et Elswyn n'était pas assez fou pour s'en plaindre ou pour tenter de lui faire changer d'idées.
- C'est pas vrai, s'écria-t-il vivement. Je n'ai pas cassé le service à thé, il est tombé, quand...
Mais la suite ne vint jamais. Elswyn, petit avorton qu'il était, venait de se taire aussi brusquement qu'il avait jeté ses derniers mots avec hargne, réalisant, mais un peu tard, qu'on ne devait peut-être pas interrompre le Comte de la sorte. Ni hausser le ton devant lui. Ni s'indigner de la sorte devant les mensonges éhontés de sa fille. Ni... bref, il venait trés certainement de faire tout le contraire de ce qu'on avait tenté de lui inculquer il y a quelques jours. Mais l'indignation, la colère de ces mensonges, du moins pour l'un d'entre eux, et surtout de cette façon de ne dire que les choses à moitié, de tronquer les faits... Tout ceci avait été bien plus fort que sa raison. Raison somme tout bien peu développée. Raison d'enfant.
- Je ne voulais pas crier, fit-il, penaud, baissant la tête et fixant sur le sol son regard, soudain voilé d'une tristesse indicible et perdu dans les confins de son accablement. Mais... Je...
"Je" quoi ? Un serviteur ne devait trés certainement pas dire "je" devant son maître, n'est-ce pas ?
- Je ne suis pas un rat, fit-il quand même d'une toute petite voix.
Comme si cette simple phrase pouvait tout expliquer au Comte.
- Ich bin nicht ein Ratte, sanglotta-t-il, tentant de retenir les larmes traitresses qui menaçaient de submerger ses perles bleu nuit.
Et réalisant, encore une fois un peu tard, qu'il avait de nouveau laissé les mots allemands, les mots ennemis, s'échapper. | |
| | | Elisabeth de Castaignac ~Mécène de l'Opéra~
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| Sujet: Re: Mais qu'ai-je fait au ciel pour mériter ça? [Elswyn] Mar 16 Juin - 17:01 | |
| Les yeux glacés de la jeune comtesse fixaient le jeune garçon droit dans les yeux. Il semblait pétrifié. Atterré, même. Surpris avant tout de constater que la maîtresse tant détestée ne pourrait même pas être insultée à son insu dans la langue de ses ancêtres. Elle eut un sourire glacé pour le jeune homme, pensant avec une certaine satisfaction qu'elle l'avait eu enfin sur un point où il ne pourrait faire usage de son insolence. Une bataille de gagnée, mais point la guerre, n'est-ce pas ? Non, elle n'allait pas s'acharner sur le garçon, ou du moins pas de trop... elle allait juste en faire assez pour qu'il puisse, dégoûté, soit quitter son service à jamais (ce qui l'arrangerait follement, d'ailleurs), soit enfin cesser de faire montre de sa résistance et par la même occasion enfin afficher la docilité nécessaire chez un domestique. La jeune femme sourit alors intérieurement, et le sourire intérieur devint rapidement un sourire extérieur. Elle ne le toisait pas trop, pour l'instant, savourant sa petite victoire et sa satisfaction personnelle... Lorsque son père intervint, gâchant littéralement sa joie.
La jeune comtesse commença alors à lui raconter les tristes faits qui avaient eu lieu dans sa propre chambre bien peu de temps avant. Comment le jeune Elswyn sétait montré impudent, fripon et désagréable ; comment il avait brisé son service à thé, et tomment ceci, et comment cela était arrivé. La jeune femme ne laissait passer aucun détail, bien trop heureuse de tenir là sa chance de se débarasser un peu de ce garnement imprévisible que l'on avait eu le front de lui attribuer comme domestique. Quitte à mentir très légèrement pour cela. Qui le croirait, de toute façon, lorsqu'il s'opposerait à ses dires ? Son père ? Le pire était que le comte était parfaitement capable de ce genre de choses, s'était de toute évidence entiché du jeune bohème, ce que désapprouvait bien entendu la jeune comtesse, visiblement un peu (voire même beaucoup) jalouse. Elle darda ses prunelles bleues sur le jeune garçon lorsqu'il osa se défendre. Au moins avait-il du cran, une légère tendance suicidaire sur les bords... voilà qui peut-être pourrait aider Elisabeth à s'en débarasser ? Elle n'en savait rien, mais espérait que son père intervienne enfin en sa faveur, après s'être tant entiché de l'autre "enfant prodige" du violon.
Curieusement, le june homme s'arrêta net dans sa tirade, et Elisabeth en fut presque surprise. Le sale petit singe aurait-il donc compris que l'on ne devait point crier en la présence des maîtres, et qu'il était indigne des domestiques de s'opposer sans raison aux dires de la maîtresse ? Avec beaucoup d'espoir, elle aurait pu le penser, elle aurait aimé le penser d'ailleurs, mais tout lui permettait de douter plus qu'amplement de ces faits. Non, il n'avait pas changé. Il avait juste intérêt à filer doux devant monsieur le comte son père, sans quoi celui-ci n'hésiterait pas (du moins espérait-elle) à le réprimander, voire pire encore, le mettre à la porte. Oh, que cela serait bien bon pour toute la maison ! Mais cela était aussi désiré qu'illusoire, étant donné l'attachement que son père vouait à Claudin, et aux choix de Claudin. Or le bon professeur avait justement décidé que son choix serait de fournir au hongrois une éducation digne de ce nom et un apprentissage du violon. Deux choses que pouvait sans doute fournir le comte d'Aubespin de Lontages, et c'était pourquoi Elswyn, prénom si étrange à ses oreilles, s'était retrouvé ici, à son plus grand désespoir.
En attendant, monsieur son père semblait presque prêt à se laisser attendrir par le jeune garçon et par son air contrit auquel elle, Elisabeth, ne se laissait pas prendre. Comment ne pas douter que ce petit bohème feignait la honte pour éviter le châtiment ? Son père semblait tout prêt à donner dans le panneau, et elle en était presque outrée. Outrée qu'il croie ce petit singe plus vite qu'il ne la croie, elle. Elle était sa fille, bon sang ! Sa fille unique ! La fille qu'il aurait dû chérir plus que toutes les autres ! Et puis, les parolse que prononçaient le bohème étaient dénuées de sens. Il n'était pas un rat ? Allons donc, quel était encore ce boniment ? Cela ne crevait-il pas les yeux, qu'il n'était rien de mieux qu'un rat ? Allons, regardez mieux que cela ! Ces cheveux filasse, cette livrée des d'Aubespin de Lontages entourant un corps malingre, ces joues pâles, ces dents trop grandes, ces doigts crochus... n'était-ce donc point un rat ? Et son père qui osait prendre sa défense, allant même jusqu'à poser la main sur l'épaule de ce jeune avorton répugnant ? Elle en était sidérée. Lui laisser le temps ? n'avait-elle donc pas cessé de faire cela depuis un long bout de temps ? Mais non, visiblement, ce n'était pas suffisant ! Elle laissa l'éclat de colère flamboyer dans ses yeux bleus, mais ses traits restèrent stoïques.
Mon père, je ne fis que cela. J'ose espérer que vos décisions sont parmi les meilleures, car je ne puis souffrir la compagnie de votre nouveau jeune favori dans mes parages lorsqu'il décide de faire montre de son insolence ! Si devant vous ce petit faquin se montre sous ses beaux jours histoire de ne pas être renvoyé à son baraquement de bohémien, sachez qu'il n'en va pas de même avec moi. Il est donc naturel à mes yeux de lui donner la correction méritée. | |
| | | Elswyn Zmeskall ~Altiste~
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| Sujet: Re: Mais qu'ai-je fait au ciel pour mériter ça? [Elswyn] Jeu 3 Sep - 11:24 | |
| Dire qu'Elswyn n'en menait pas large, alors que la gamine relatait les faits, bien que fort enrobés de la méchanceté dont elle se pavanait avec tant de plaisir, serait un doux euphémisme. Il en était tremblant. De peur, de terreur même. Ce qui ne l'avait pourtant pas empêché de se manifester fort bruyamment et de façon des plus insolentes selon les critère requis par ces nobles. Il avait soudain l'impresssion d'entendre à nouveau les bruits rageants de la rue gronder autour de lui, comme pour mieux lui rappeler d'où il venait... et où il allait retourner s'il continuait sur cette pente-là.
Un silence d'outre-tombe s'abattit alors sur lui, tandis qu'il attendait frissonnant sa sentence. Les coups, les cris ou les remontrances, tout, n'importe quoi, plutôt que la rue, priait-il en silence. Tout ce que ces nobles humains pourraient imaginer en chatiment corporels lui paraissait soudain bien plus enviable que le retour à la rue. Ou à ce qui avait osé se nommer un jour sa famille. Famille... Une famille qui l'avait si maintes fois renié par les mots et maintenant par l'argent... en le vendant. Ni plus ni moins vendu. Rien que cette pensée qui l'assaillait à nouveau traîtreusement lui faisait encore monter les larmes aux yeux. ce ne fut que la main presque rassurante, paternelle aurait-il été tenté de penser, qui se posa doucement sur son épaule qui retint l'eau de sa mélancolie.
Bien entendu, c'était sans compter la jeune comtesse. Il aurait pu sans doute calmer la crise qui semblait monter en lui, mais encore aurait-il fallu qu'on lui accorde un répis. Mais entendre encore une fois les récriminations de la gamine contre lui, des récriminations dont il peinait à comprendre l'origine véritable... C'est vrai, quoi ! Qu'est-ce qu'elle lui reprochait au juste ? Elle ne lui avait pas même laissé une seule chance de se faire accepter et d'apprendre les règles. De suite, elle l'attaquait, dès qu'il commettait un petit impair, sans même lui laisser le temps soit de s'excuser soit de réparer son erreur... Elle lui en voulait. Ca, il l'avait compris. Ce qu'il ne comprenait pas, c'était pourquoi. Parce qu'il avait été accueilli par son père et qu'on lui avait offert la livrée de sa famille ? Mais pourquoi lui en voudrait-elle pour cela ? Qu'est-ce que cela pouvait bien lui faire qu'on accueille "un rat" comme lui ? Qu'est-ce que ça pouvait bien lui enlever, elle qui avait tout, si on donnait un petit quelque chose, à lui qui n'avait quasiment rien ?
Voilà ce que son coeur crevait d'envie de lui hurler. Mais à la place ne vinrent que sanglots silencieux et regards à la fois tristes et rageurs.
- Si je peux me permettre, tenta-t-il de nouveau.
Cette fois sa voix se faisait hésitante, comme s'il cherchait les mots français. Et qu'il tentait de retenir les mots allemands qui lui venaient bien trop naturellement, d'autant plus quand il était bouleversé comme dans ces moments-là.
- Je n'ai pas envie de retourner de là où je viens, c'est vrai. Et de toute façon, de là où je viens personne ne veut que j'y revienne. Sinon, ils ne m'auraient pas...
Mais il ne continua pas sa phrase, un nouveau flot de larmes parlant à sa place. Larmes qu'il essuya peu élégamment avec sa manche en reniflant bruyamment, avant de reprendre.
- Je ne sais pas ce que veut dire "se montrer sous ses beaux jours", mais je ne veux pas me montrer insolent. J'ai juste répondu quand on m'a insulté de rat. Je n'aurais certainement pas dû et cela m'a échappé. Mais... Mais...
Mais quoi ? Encore une fois, il ne semblait pas réussir à retenir les règles. pas de "mais" pour les serviteurs.
- Il n'y a pas de mais, reprit-il alors avec un autre reniflement bruyant. je ne suis pas un rat. Il n'y a pas de mais. Et je n'aurais pas dû répondre. Si vous ne voulez plus de moi...
Et il baissa la tête, sentant que ses mots confus ne l'aideraient en rien, bien pire encore, et que cette situation n'était pas prête de s'améliorer s'il continuait à s'enfoncer ainsi. Remarquez... Pouvait-il s'enfoncer encore plus qu'il ne l'était déjà ?
- Je serais corrigé. Si seulement... Si seulement vous pouviez ne pas casser mon violon, supplia-t-il presque tout bas.
Son violon. Oui, voilà, tout ce qui importait alors était son violon. Son seul ami, son seul confident. celui à qui il avait tou dit et qui disait tout pour lui. Une fois déjà, son paternel avait rompu une corde exprès pour lui faire mal. Heureusement le vieux bohémien savait réparé l'instrument et lui avait remis un corde toute belle et toute neuve. Enfin presque neuve...
Que la correction vienne donc, sans qu'on touche à son violon. Que la cirrection vienne et qu'on en finisse, avait-il soudain envie de dire. Mais il se tut, se contentant de garder la tête basse et de pleurer silencieusement. | |
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